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À la rencontre de Khalil, pyrograveur

L'ariste Khalil en train de réaliser une pyrogravure

Cela fait bientôt 5 ans que Khalil a débarqué sur les terres lyonnaises, après avoir quitté sa Syrie natale en passant par la Turquie. Son truc, c’est la pyrogravure. Il la pratique depuis près de 30 ans et, pour être honnête, ça se voit. À l’heure où certains voient l’immigration comme un talon d’Achille, ici, on voit plutôt le talent d’Khalil. Pour en savoir plus, on l’a rencontré dans son atelier d’artiste : chez lui.

Salut Khalil. D’où te vient cette passion, cet intérêt pour la pyrogravure ?

En 1987, j’ai été incarcéré, prisonnier de Hafez el-Assad, pendant 7 ans. J’étais alors étudiant, en école artistique de peinture. En prison, je n’avais pas d’occupations. Mais il y avait des cagettes de légumes, des bonbonnes de gaz, des fils… J’ai alors eu l’idée d’utiliser des fils de fer, de les faire chauffer avec les bonbonnes de gaz et de dessiner sur les cagettes. En sortant de prison, j’ai décidé d’ouvrir un atelier à Raqqa.

Et aujourd’hui, il paraît que tu animes des ateliers à Lyon ?

En effet, avec l’association Singa, nous organisons des ateliers tous les mardis de 11h à 13h, avec un groupe de volontaires différents à chaque fois. Nous sommes plus ou moins en grand nombre, une petite dizaine de participants, des nouveaux arrivants et des locaux, des enfants et des adultes… En ce moment, je réfléchis à l’idée d’avoir un groupe fixe pour aller plus loin dans la technique de pyrogravure et faire des tableaux sur une durée plus longue, pour ensuite les exposer. J’aimerais pouvoir suivre un même groupe toute l’année. J’anime également des ateliers avec des MJC, des centres sociaux…

Pyrogravure par Khalil

Tu le faisais déjà en Syrie ? Ou c’est nouveau pour toi ?

J’ai commencé en 1999, en donnant des ateliers de peinture. Plus tard, j’ai animé des ateliers auprès d’enfants en situation de handicap, car il y a de nombreuses associations à Raqqa pour les enfants malentendants et malvoyants, les enfants prisonniers, les enfants orphelins… 

J’ai choisi de faire ça car je sais comment travailler avec les enfants. J’ai d’ailleurs été acteur de théâtre, écrit des pièces pour enfants et adultes. J’apprécie tout particulièrement le travail, le contact avec les enfants.

À côté de ces ateliers, tu exposes un peu tes créations ?

Oui, j’ai eu l’occasion de faire plusieurs expositions en arrivant en France : dans la mairie du premier arrondissement de Lyon, en Lorraine, à Saint-Julien, à Paris… Tout cela avec une association de soutien aux enfants syriens : Alwane. J’ai également organisé une exposition avec plusieurs artistes Syriens. En ce moment, j’ai aussi un contact pour participer à une exposition à New-York, mais c’est compliqué pour moi d’y aller.

Œuvre de pyrogravure par Khalil

L’art de la pyrogravure a-t-il joué un rôle particulier dans ton intégration ?

L’art a été important car je ne trouvais personne faisant de la pyrogravure comme moi. Généralement, tous les artistes ne connaissent pas ma technique, car j’utilise un matériel nouveau : j’ai détourné des matériaux pour téléphone, des chalumeaux, des bonbonnes de gaz… 
Ces techniques nouvelles me permettent de faire un art personnel, et de me distinguer de la peinture, un art que tout le monde connaît, que n’importe qui peut pratiquer.

Khalil et l'une de ses œuvres de pyrogravure

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