
De la musique à l’écriture, de l’écriture au journalisme, du journalisme au marketing, du marketing à l’événementiel… Oui, la plume peut-être une arme que l’on peut manier de plein de manières. Depuis plus de 10 ans, Marcus raconte des histoires. Des vraies. Fondateur de Sounds So Beautiful, journaliste, rédacteur en chef, auteur, musicien, maître de cérémonie et poète, il a multiplié les casquettes en gardant toujours le même objectif en tête : faire rayonner les mots, soulever des sujets de fond, valoriser la musique et ceux qui la font.
Trouver son rythme et sa voie : la musique et l’écriture comme moteurs 🎶
« Je me présenterais comme auteur et musicien. Je rappe des poèmes, avec des musiciens jazz, je raconte des récits, des histoires, qui m’importent et qui ressemblent à ce qui m’entoure. Je suis un vrai passionné, un vrai assidu pour cette cause de l’art, de la musique en général. »
Marcus, c’était le genre d’enfant qui allait au premier rang à l’église pour voir les musiciens de près et mieux les apprécier. Fasciné comme il l’était, il se prend vite au jeu et se met à la batterie, avant que l’écriture ne débarque dans sa vie.
« J’étais très maladroit quand j’étais petit, donc la musique était ma manière à moi de faire quelque chose de mes dix doigts. […] Ensuite, le texte est venu parce que ça a toujours été important pour moi d’exprimer clairement mes pensées, parce que je pense très vite et beaucoup. Je n’arrivais pas forcément à bien formuler les choses, je parlais très très vite, je pouvais facilement bafouiller. Donc c’est à l’écrit que j’arrivais à être le plus éloquent. »
Au lycée, une prof de littérature (coucou Emilie Boivin) lui transmet son goût pour le théâtre et la poésie. Résultat ? Sa passion pour la musique et l’écriture ne fait que s’amplifier. Il apprend partout où il peut, enregistre tout ce qu’on lui transmet, se lance dans des études dans le commerce… et les mots finissent toujours par le rattraper, jusqu’à ce qu’il en fasse son métier.
« J’ai travaillé pendant 10 ans et je travaille encore en tant que rédacteur web, en tant que rédacteur publicitaire, en tant que professionnel de la comm’. Faire passer un message, écrire quelque chose d’assez accrocheur, qui marque les esprits, c’est devenu quelque chose d’important pour moi. »
Après plusieurs expériences, il réalise que c’est là qu’il brille le plus : dans le fait de comprendre l’autre, d’être à l’écoute, de capter un message et de le retranscrire. Quand une artiste lui propose une mission de writing pour Apple Music, ce n’est qu’un nouveau déclic : il va tout faire pour vivre de sa plume et s’épanouir dans la musique.
« J’ai toujours aimé le verbe. L’un de mes rêves les plus fous quand j’étais ado, c’était d’être linguiste. J’aime vraiment décortiquer les langues. […] Toute langue a sa musicalité. Quand j’étais en Erasmus à Londres, j’avais plein de nationalités différentes autour de moi, et à les entendre parler on entendait chaque fois un son différent. Ça me fascine, et j’ai toujours appréhendé la langue comme une musique aussi. »
Sounds So Beautiful : l’art de prendre des notes 📝
« À la base, c’était juste un blog pour déconner, vraiment du loisir. Je voulais juste partager des sons et rédiger des beaux portraits d’artistes à découvrir. »
Porté par ses deux passions, la musique et l’écriture, Marcus décide de lancer son blog (on est alors en 2013) : Sounds So Beautiful. Un média sur lequel il écrit des papiers, des chroniques, des interviews, pour parler de musique et donner la parole à des artistes, avec une tonalité et un style exigeants. L’une de ses particularités : introduire chaque article par un poème de quelques vers, à l’image de l’artiste présenté et de son univers musical.
Au rythme intense de quatre articles par semaine, le blog s’enrichit vite. Marcus expérimente, prend de l’expérience et peaufine son style. Il fait des chroniques de concert, des interviews à distance, et se met de plus en plus à aller à la rencontre des artistes.
« Il y a de très belles interviews que je garde en souvenir. À Jazz à Vienne, Samara Joy, c’était ma première interview, face à face, avec quelqu’un qui a été récompensé aux Grammy Awards. Donc c’était trop cool. Et ce qui était encore plus cool c’est qu’il n’y avait pas du tout ce filtre de statut, Grammy ou quoi. C’était juste deux personnes qui discutent de choses qu’ils aiment, à savoir l’écriture, le jazz et l’échange avec les musiciens. C’était une vraie rencontre humaine. C’est ce genre d’interviews là que je retiens. »
La ligne édito évolue, mais en gardant des bases solides : mettre en lumière une culture et les humains qui la composent. Aujourd’hui, l’équipe s’agrandit régulièrement avec des rédacteurs et des rédactrices qui viennent contribuer au média, qui compte désormais plus de 4000 articles et près de 1000 interviews. Mais derrière ces chiffres, il y a surtout beaucoup d’art, d’idées et de rencontres qui viennent mettre des mots et des images sur une culture.
« Tous ceux qui aiment la neo-soul, le hip-hop, le jazz vont s’y retrouver. Je suis très influencé par la culture afro-américaine. Les styles sont différents, mais c’est la même famille musicale, la même culture. Je parle plus de culture que de style musical. »
Avec le temps, Sounds So Beautiful évolue. Devenu rédacteur en chef et manager, Marcus a fait en sorte que les écrits s’accompagnent aussi de formats audio, de podcasts, de vidéos… mais aussi d’ateliers d’écriture et d’événements. Les mots restent au cœur de l’ADN mais le média avance, en valorisant toujours des artistes émergents et d’autres plus établis. Il s’intéresse aux parcours, aux plumes, mais aussi de plus en plus à l’impact sur notre société et notre quotidien.
« L’idée est de donner un vrai contexte, un vrai but à la musique, et pas de s’arrêter seulement à la musique même s’il y a déjà beaucoup à faire. […] Si ce n’est pas un sujet sociétal, ce sera un sujet musical, mais en tout cas, ce sera un sujet qui va parler à tous ceux qui cherchent de l’inspiration sur le métier de la scène, gérer sa performance vocale, écrire sur une thématique… J’essaie de donner un contexte de récit. »
Par exemple ? Tuerie, l’ovni sentimental du rap français
Au-delà de raconter des histoires, Sounds So Beautiful décrypte, analyse, invite à la réflexion et à la discussion, donnant une dimension sociologique à la musique, à l’art, à l’écrit, invitant Marcus à organiser des talks et des tables rondes.
« Sans aucune prétention, mais ça m’intéresse de fou et ça permet d’élever le débat. […] Venez on en parle. Ça donnera une bonne raison d’écouter l’artiste en question. »
Des recueils pour mener une vie de poèmes 🪶
« Au début, je faisais juste de la chronique et je commençais avec un petit poème. Mon but, c’était que les gens puissent faire une découverte, savoir qui était la personne, d’où elle venait, et ce qui était remarquable dans sa musique. »
En 2019, Marcus décide de cristalliser tout ce qu’il a fait sur plan artistique et de sortir son premier livre : Poetically Yours. Un recueil inspiré de ses rencontres, des histoires qu’on a pu lui raconter et de son parcours au contact d’artistes, qui aborde de nombreuses thématiques : le stress, l’anxiété, la remise en question de la structure familiale, la place du travail, la valeur d’un humain…
« J’ai toujours été sur des thématiques assez introspectives. Parce que je réfléchis beaucoup, toujours aussi vite qu’avant. C’est très introspectif, pour essayer d’apprendre à se comprendre et à se connaître […] Je peux aller sur des sujets comme les sources d’anxiété que peut avoir un jeune homme en construction : la pression qu’il a d’essayer d’être le bon fils, le bon père, le bon copain, le bon frère… Il y a aussi une grosse thématique sur l’amour, et l’amour de soi. »
Et ce n’est qu’un aperçu. En bref : des mots soigneusement choisis pour inviter à philosopher, remettre en question certains schémas, soulever des débats et tenter d’apporter des réponses, sur des thématiques qui peuvent toucher n’importe quel musicien ou professionnel du divertissement. Pour ne pas dire n’importe quel humain.
Ces poèmes, on les retrouve aussi dans un album studio et un album acoustique. Et ce n’est qu’un début : comme tout amateur de Tolkien, Marcus pense trilogie. « Ce livre était aussi un socle pour montrer toute l’importance que je voue au storytelling, et tout simplement partager mon amour de la plume. Ce recueil m’a ouvert des portes. […] J’aimerais bien faire d’autres livres, et à chaque fois que je sors un livre, que ça puisse annoncer le prochain album. »
Alors il continue d’écrire, inspiré par les artistes qu’il rencontre et son parcours personnel, en anglais et en français – en attendant de s’attaquer à l’espagnol. Le prochain recueil qui devrait voir le jour ? Truly Yours: dans la tête d’un workaholic. Un projet plus personnel pour évoquer sa relation au travail, sa vision, ses réflexions… et réunir toutes les personnes traversées par ces questions.
« C’est un sujet qui touche autant les artistes entrepreneurs que les athlètes. Il y aura plein de textes qui sont inspirés de ça et qui relatent tout ce qui a attrait à l’ambition, à l’euphorie du succès ou aux périodes de down, à l’anxiété, à la fatigue mentale, morale… On peut aussi parler de compréhension de soi, de réussir à trouver sa raison d’être dans tout ça. »
Santé mentalement parlant 🧠
« Bien sûr, je me dis parfois que la vie serait peut-être plus simple autrement, ou je me demande ce qui me pousse réellement à faire tout ça. J’essaie de me rappeler pourquoi je fais ça, et ça m’aide à faire les choix les plus justes. […] J’ai toujours réussi à jongler, mais ça demande encore plus d’anxiété, de pression, pour pas toujours plus de gains. Donc ça peut être épuisant. Tu peux parfois te demander pendant combien de temps je vais pouvoir tenir la cadence. »
Ce n’est pas évident à résumer en un seul article, mais entre la gestion d’entreprise, les écrits, les ateliers d’écriture, les événements, trouver un équilibre n’est pas chose facile. L’une des solutions qu’a trouvée Marcus, c’est de faire des choix : prioriser certaines choses et y accorder plus d’importance. Par exemple en privilégiant la qualité à la quantité, pour éviter de voir ses efforts s’éparpiller. Et s’il y a toujours des doutes et des remises en question, il y a toujours des solutions : évoluer, s’adapter et trouver de nouvelles façons de s’amuser.
« Je sais que ce métier, je l’aime. J’aime bien savoir comment une arme, je peux la manier de manière transverse. Si je me remets en question sur la manière dont je tiens mon arme, je peux la tenir autrement. C’est comme un truc vivant. Tant que tu es sur cette terre et que tu es appelé à marcher, vois comment tu peux marcher différemment. Dans tous les cas, tu es appelé à marcher. »
Alors Marcus et Sounds So Beautiful marchent. Ils sont passés par le marketing, la poésie, les campagnes de sensibilisation, les événements, et ils continueront d’expérimenter pour prendre du plaisir et garder leur ligne de mire. C’est ce qui les fait tenir.
« J’essaie de me rappeler pourquoi j’aime ce que je fais. À quel point j’aime ce métier, et toutes les fois où quelqu’un ou quelque chose m’a rappelé pourquoi j’aimais ce que je faisais. Ce n’est pas toujours évident. Mais quand tu le fais avec des personnes qui ont autant de passion et d’exigence que toi, qui te produise quelque chose d’objectivement beau, pro et qualitatif, tu te dis “ouais, c‘est vrai qu’à la base, j’ai fait ça pour entendre ce genre de choses tous les jours de ma vie”. […] Partout où il y aura un espace pour exprimer sa créativité, pour laisser vivre ses pensées, je sais que je serai là. »
Dans sa quête d’équilibre, Marcus continue à écrire et à contribuer au paysage culturel artistique de mille et une façons. Il réunit toutes les conditions pour s’épanouir dans l’art, valoriser les artistes et les accompagner dans la création. Et c’est loin d’être terminé : il envisage déjà la captation de live sessions au studio, des séminaires d’écriture, de nouveaux partenariats… la musique, les artistes et les mots n’ont pas fini d’avoir une voix !
« Quand je prends du recul, même si je galère parfois, le petit moi, le Marcus de 15 ans, il n’en croirait pas ses yeux de se dire qu’il a ce studio. Donc je veux continuer à faire vivre ce studio le mieux possible. »
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« J’entends beaucoup d’artistes dire qu’ils veulent faire les choses en grand, laisser une marque, etc. Ce que j’entends et respecte. Mais pour moi, ça n’a pas une grande importance. Ce qui est important, c’est de ne pas se perdre, de ne pas perdre son âme et de ne pas perdre sa flamme. Juste faire des choses qui pourraient contenter son petit soi, tu vois. […] Apprenez à vous connaître d’abord, pour être aligné avec qui vous êtes. N’essayez pas de toucher le plus grand nombre, mais le plus grand nombre de personnes qui peuvent comprendre votre projet. »