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Les Petites Cantines, des cuisines de quartier au bon goût de partage

La cantine, c’est pour beaucoup ce lieu ou l’on a mangé à l’école, et où l’on mange encore parfois en entreprise. Un lieu ou l’on met les pieds sous la table pour se rassasier, papoter avec des camarades (et se jeter deux-trois boulettes de pain pour les moins disciplinés) ou refaire le monde avec des collègues (et râler un peu sur la direction, quand même). Autour de plats plus ou moins bons, d’ailleurs. Un lieu où certains s’isolent, quand d’autres se retrouvent.

Les Petites Cantines n’ont pas grand chose à voir avec tout ça, si ce n’est qu’elles sont, elles aussi, des restaurants collectifs. Mais au-delà d’être collectifs, ce sont surtout des restaurants collaboratifs non lucratifs et responsables, où tout le monde met la main à la pâte autour de trois principes : accueillir, rencontrer, partager. Le concept né à Lyon et ne cesse de s’essaimer à travers l’Hexagone : Les Petites Cantines ont tout d’une grande !

Les Petites Cantines : des cuisines de quartier face à la solitude urbaine

C’est un épisode personnel et de l’entraide entre voisins qui ont amené à Diane l’idée de créer de petites cantines de quartier. L’objectif : aider des personnes à sortir de la solitude urbaine. Sa rencontre avec Étienne, qui souhaitait se lancer dans un projet à vocation sociale, a permis à l’idée de mûrir et de se concrétiser. 

Le concept est aussi simple qu’inédit : proposer une cantine collaborative, un lieu où les convives se rencontrent, cuisinent, mangent, et font la « plonge » ensemble – désolé pour ceux ou celles qui ne plongent que dans leur canap’ une fois le repas terminé !

Ici, pas de distinction sociale, pas de différences, pas d’indifférence. Tout le monde est logé à la même enseigne, réunis autour d’un but commun : partager.

C’est d’abord une cantine éphémère qui voit le jour dans le neuvième arrondissement de Lyon, avant que la première Petite Cantine ne s’installe pour de bon dans le quartier de Vaise, en 2016. Aujourd’hui, 3 cantines – et bientôt 4 ! – sont installées à Lyon, mais Strasbourg et Lille se sont aussi invitées à la fête. Du côté d’Oullins, d’Annecy, de Metz et de Paris, ce n’est qu’une question de temps !

Et si Les Petites Cantines ne cessent de s’essaimer, ça ne peut être dû au hasard. Elles répondent à une problématique réelle : la ville et le milieu urbain isolent. Leur développement est la preuve parfaite qu’au sein d’un même quartier, des gens ont besoin de se retrouver, de partager, et que la cantine a le pouvoir de rassembler.


En 2016, 1 français sur 10 vivait dans l’isolement d’après une étude parue en 2019.*En 2019, 27 % des plus de 60 ans déclaraient souffrir de solitude.**Dans les villes, 37 % des personnes âgées souffraient d’un manque de solidarité de proximité, soit 10 points de plus qu’ailleurs.**

Des assiettes pleines de valeurs fortes

Le juste prix : un pour tous, tous pour un

Évidemment, puisque le but est de réunir et de briser la solitude, la question de la différence – sociale, économique, culturelle et j’en passe – ne se pose pas. Les Petites Cantines sont inclusives, ce qui commence par une adhésion et un repas à prix libres : chacun donne selon ses moyens, et tout le monde profite d’un même repas. Autrement dit, ceux qui ont les moyens peuvent faire profiter ceux qui ne l’ont pas, et ainsi de suite. 

L’entraide, vous connaissez ? Je pense que oui, sinon vous ne seriez pas là… Ou vous auriez arrêté de lire bien avant. Ou alors, il est encore temps de partir – voilà ce que c’est, être exclusif 😉

Puisqu’il est question de faire les choses vraiment bien, le modèle économique est totalement transparent. Alors que chaque Petite Cantine est autonome et effectue entre 4 et 8 repas par semaine, un repas coûte en moyenne 12 € (cela dépend des territoires) et les dons permettent de s’approvisionner, de couvrir les charges de la cantine, de l’améliorer… et éventuellement de développer le réseau, territorial et national. Rien de plus simple.

Le chef(fe) d’orchestre : les maîtres et maîtresses de maison

Bien sûr, le concept ne peut fonctionner sans acteur fort, impliqué et dynamique. Au cœur des Petites Cantines nationales, toutes régies par la charte ADN de l’association, ce sont les maîtresses et les maîtres de maison qui font tourner la « machine » (entre guillemets parce qu’on parle de cantines de quartier, pas d’une usine, quand même, calmons-nous). 

Accompagnés d’un ou de plusieurs services civiques – et parfois de convives habitués qui donnent de précieux coups de main –, ils gèrent le quotidien de l’établissement et son bon fonctionnement.

© Les Petites Cantines

La recette : manger, c’est bien, mais manger bien, c’est mieux !

Désireuses de proposer une alimentation saine et responsable, Les Petites Cantines se fournissent autant que possible auprès de producteurs locaux, en circuit court. Certaines d’entre-elles ont même des partenariats pour récupérer des invendus – eh oui, on ne le répètera jamais assez, le gaspillage, c’est pas bien.

Au passage, les cantines sont aussi lieux d’apprentissage : on y apprend comment bien manger, comment mieux manger, avec une politique peu carnée. Et ce sont encore les maîtres et maîtresses de maison qui sont moteurs de cette alimentation en endossant un rôle pédagogique : on cuisine les restes, on trouve un menu avec des invendus… et on se rend compte que manger bien n’est pas si compliqué !

Les formations des Petites Cantines, la cerise sur le gâteau

Pour continuer à renforcer le lien social en ville et essaimer le modèle, Les Petites Cantines proposent des formations « Ça mijote »

Durant deux jours, il est ainsi possible de découvrir le projet des Petites Cantines, leurs partis pris, les valeurs qui animent le réseau, leur ADN, ou encore le modèle économique. Autrement dit ? C’est la première étape pour tous les porteurs de projets qui souhaitent solliciter un accompagnement afin de monter une cantine de quartier et enrichir le réseau !


En cette période particulière où l’on circule encore souvent masqués (et non, on n’a rien de super-héros, vraiment), pas mal de gens ont ouvert les yeux sur l’isolement en ville. Après une longue période de fermeture durant laquelle les Petites Cantines ont innové en distribuant des repas et en proposant la vente à emporter, le rythme reprend dans le respect des règles sanitaires. 

Ça tombe bien : on a besoin de se rapprocher, de se retrouver. Malgré la virulence du virus dont on taira le nom (on en parle assez, hein), se retrouver dans une même pièce, même à distance, est toujours plus vital.

De toutes façons, on a beau vous en parler, on ne peut comprendre Les Petites Cantines qu’en se rendant sur place. Vous y découvrirez un lieu simple, bon, convivial, où vous pourrez faire de belles rencontres, d’un repas ou d’une vie. Franchement, ça ne mange pas de pain !

Table Les Petites Cantines

* Insee
** Petits frères des pauvres

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