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Ainhoa – Danseuse et électro libre 

Pas toujours évident de croire en ses rêves de gosse quand, en grandissant, les éléments qui nous entourent ne nous aident pas à y croire. Mais en s’accrochant un peu, le meilleur reste à voir ! Ainhoa est danseuse. De hip hop et d’électro, mais pas que : sa danse est riche de nombreuses influences. Venue de Bilbao – en passant par Barcelone, la Finlande et Genève –, elle s’est installée à Lyon pour poursuivre sa route entre formations, battles et cyphers !

Du Pays basque à la France, en passant par la Laponie 🎅

Impossible pour Ainhoa de savoir quand elle a dansé pour la première fois. Ce qu’elle sait, c’est qu’elle a pris ses premiers cours à 2 ans. Rien de très sérieux, mais quand même. À 4 ans, elle disait déjà vouloir devenir professeure de danse. Alors elle prend des cours (modern jazz, hip hop…) et continue à se former. C’est vers 15 ans qu’elle commence à s’entourer d’autres danseurs et, surtout, à 19 ans qu’elle découvre le freestyle.

« J’ai connu les chorées, le milieu assez commercial de la danse urbaine. À 19 ans, j’ai découvert le freestyle, et là, ma vie a complètement changé. Je me suis dit “ah, c’est là qu’il faut que j’aille”. J’aimais les chorées, mais il manquait un truc. Je n’arrivais pas à être dedans à 100 % . Quand je me suis rendue compte que tu pouvais danser librement… j’ai adoré. »

C’est cette découverte qui marque le début de sa carrière de danseuse, et lui permet de prendre la danse au sérieux. Parce qu’avant, quand tu n’as pas l’entourage et les étoiles qui te permettent d’y croire, ce n’est pas toujours évident : « Je n’étais pas prise au sérieux. Même si depuis toute petite je me disais ça, c’était toujours au deuxième plan. C’était dur d’y croire, quand tu n’as rien autour de toi qui te fait croire à ça. »

En passant par la fac de criminologie et une école de tourisme à Barcelone, elle découvre la danse électro et commence à voyager pour faire des battles. Elle passe aussi deux saisons en Laponie, pour y travailler en tant que guide d’aventure. Moins de danse, plus de nature, et un bon moment pour prendre du recul (et croiser le père Noël). 

De retour à Barcelone, la danse reprend le dessus. Mais la situation espagnole et la représentation de l’art ne sont pas les plus propices… 

« En Espagne, c’est très dur de vivre de la danse. On n’a pas l’intermittence, le hip-hop reste soit très scolaire, soit très underground. Ici, en France, il y a une connexion avec le monde contemporain. Le hip hop est sur scène, le hip hop est partout, en fait. Mairie, MJC… Il y a plein de structures publiques qui accueillent des événements hip hop ! »

Rentrer dans le cercle de l’enseignement 🎓

Du haut de ses 24 ans, Ainhoa décide de se former avec un objectif précis : savoir, une bonne fois pour toute, si elle veut vraiment consacrer sa vie à la danse. Direction la formation EDHA, à Annecy, pour suivre un parcours de hip-hop expérimental. L’occasion de progresser, d’explorer, de conceptualiser… mais aussi de rencontrer des danseurs professionnels et de découvrir le contexte français.

« Attends, mais tu ne dois pas être le meilleur danseur du monde pour avoir l’intermittence ? Et juste voir le système et toutes les opportunités qu’il y a, la mise en valeur de l’art et de la culture en France… Je me suis dit “bien sûr que je veux être danseuse !”. Je veux juste avoir un cadre qui le permet. Finalement, il fallait juste un peu plus d’espoir. »

À la suite de cette année d’études, elle est invitée à participer à la première édition d’une nouvelle formation, à Genève : l’Urban Move Academy, qui mêle danse, skate et parkour. Elle obtient une bourse et part pour une nouvelle année de rencontres, de création, de spectacles… mais assez vite, elle ne s’y retrouve pas.

« J’en ai parlé au directeur, et il m’a proposé d’être prof. Parce que je faisais de l’électro, et qu’il n’y avait pas d’électro à Genève. On a testé, et ça a très bien marché, les gens étaient très contents. Du coup, je suis passée de élève à prof ! » 

Un gros pas en avant, qui la met dans le bain de l’enseignement. Depuis, elle continue à partager son savoir, et se déplace régulièrement à Genève pour y donner des cours. Tout en proposant des workshops ici et ailleurs.

« Je kiffe beaucoup. Ça me touche beaucoup de voir comment les élèves avancent. Je kiffe la transmission, mais j’aimerais bien pouvoir faire la transmission avec un groupe fixe. »

La danse électro, à la recherche de liberté 🪩

Aujourd’hui, Ainhoa enseigne et fait parler de sa danse électro, mais elle n’oublie pas que c’est le hip hop qui lui a donné les bases. Le bounce, le groove, le flow, les basics steps, les isolations, le popin… Des bases qu’elle transpose à l’électro et qui donne à sa danse tout son charme. 

Tout ça, elle l’a appris en workshop, en battle, en partageant, en training… Car le hip hop et la danse électro sont avant tout des danses sociales, fondées sur l’échange et les rencontres ! 

« Ce sont des danses sociales. Tu as besoin d’un environnement et d’un partage. En fait, c’est en communauté que tu te développes. Donc pour moi, c’est hyper nécessaire de connecter avec ton entourage, de t’entourer avec d’autres personnes, de partager. Même si tu prends une formation à côté, c’est là que tu apprends en fait. »

La danse électro revient petit à petit sur le devant de la scène, mais elle a connu des temps difficiles. Née en 2006 dans les clubs parisiens, elle a vite subi la création de la marque Tecktonik : « La naissance d’une danse, ça se fait naturellement, et petit à petit. La marque s’est appropriée cette culture qui était en train de naître, d’être créée. Ils ont donné une fausse esthétique, une fausse image, une fausse idée de ce qu’était la danse électro. »

Résultat : des danseurs électro qui n’osaient plus danser par crainte d’être associés à cette marque qui ne leur ressemblait pas. Par crainte de ne pas être accepté par les autres groupes de danseurs, aussi. Alors que c’est une danse qui prône la liberté et l’ouverture… 

« Ce n’est pas une danse académique. C’est une danse très pure, ou tu te laisses emporter. C’est une revendication d’être soi-même. Te laisser être, te libérer. C’est une danse où on accepte tout le monde, qu’importe comment tu danses, comment tu es, comment tu t’habilles. »

La danse électro continue tout de même de grandir, dans la rue et les milieux battle. Ainhoa participe à sa transmission, prend goût à partager ce qu’elle sait de cette danse tout en continuant à travailler sa technique et à découvrir des choses. Et non, ne vous fiez pas aux idées reçues : ce n’est pas qu’une affaire de bras qui bougent !

« L’énergie, elle vient du corps tu vois. Tu dois être connecté au sol. Même si c’est très extérieur au niveau de l’énergie, pour moi, c’est très intérieur. Parce qu’en fait, pour arriver à l’extérioriser, tu dois vraiment le ressentir, sinon ça se voit. […] Le truc que j’aime beaucoup et que j’utilise beaucoup dans ma danse, c’est faire des constructions avec mon corps. Quand je danse, j’imagine vraiment comme si j’étais en train de peindre l’espace. »

L’électro est une danse puissante, bien plus cardio et physique qu’on peut le croire. Avec énergie, élégance, flow et attitude, Ainhoa nous embarque dans des constructions soignées. Tout en nous rappelant qu’il ne faut pas avoir peur : de voyager, d’apprendre, de rentrer dans un cypher. Il faut y croire, et il faut faire !