On dit que les murs ont des oreilles ? Avec Superposition, les murs, les bâtiments et les pavés ont des visages, des expressions et même des émotions. Et si la culture urbaine rayonne à Lyon, si les rues de la ville s’embellissent, c’est grâce à des structures comme celle-là. Si vous ne la connaissez pas, vous l’avez sans doute déjà croisée, que ce soit sur vos réseaux sociaux, dans une galerie, dans la rue ou dans des escaliers.
Superposition, une histoire de faits superposés
Une histoire de galeries vivantes
L’asso Superposition est née en en 2016 avec l’ouverture d’une première galerie in situ et ex situ située rue Longue, dans le premier arrondissement. Une petite pièce qui devait faire près de 25 m2, juste ce qu’il faut pour démarrer. Vous êtes partis à la recherche de vos cours de latin ? Arrêtez tout, le concept est simple : avoir des œuvres dans la galerie, mais aussi peindre des surfaces dans la rue. L’asso a ainsi déniché près de 6 espaces (murs, stores…) et obtenu l’accord des propriétaires pour leur donner vie (aux espaces, pas aux propriétaires !).
Une belle manière de mettre un premier pied sur le paysage urbain – « Et encore des vandales qui se prennent pour des artistes et ne peuvent s’empêcher de saccager nos rues… On en a marre ! » pourraient affirmer certains conservateurs… à tort.
La seconde marche, ça a été le déménagement dans la galerie SITIO, à Perrache. Un changement de taille, puisqu’il s’agissait alors de s’approprier un local de près de 230 m2, sur deux niveaux, avec un rez de chaussée et une cave. Le nouvel objectif ? Organiser des cycles d’expositions avec des artistes ayant déjà collaborés avec Superposition, mais aussi des conférences, des concerts et d’autres types d’event dans la cave – mais non, y’a rien de glauque, t’as juste l’esprit mal tourné !
C’est ensuite qu’est arrivé, assez rapidement, le projet du Fort Saint Laurent, actuellement en cours. Cet ancien fort militaire, devenu foyer d’hébergement pour Notre-Dame des Sans-Abris, était en pleine transition quand Superposition l’a investi pour en faire un projet alliant résidences artistiques et cycle d’incubation. Le lieu repris au foyer par un promoteur immobilier est resté vacant pendant près de deux ans avant que l’asso propose de l’investir temporairement.
Aujourd’hui, ce sont près de 40 artistes, illustrateurs graffeurs, peintres, muralistes, qui y résident. C’est fort, non ?

Des événements hauts en couleurs
Superposition, ça ne s’arrête pas à des galeries et des résidences. Non, car l’asso s’est aussi bougée pour mettre en place des événements favorisant la propagation de l’art urbain, et notamment l’Urban Art Jungle Festival, qui a pris de l’ampleur au fil des années.
Elle a réuni des artistes locaux qui ont partagé leur savoir et peint des murs en live devant de nombreux adeptes et curieux. Le tout accompagné d’une programmation musicale, plutôt électro, en soirée.
Une fourmilière de talents
Des galeries, des événements, mais aussi de la « propulsion » : Superposition s’est donnée pour mission de favoriser l’émergence de street artistes, en les aidant à s’exposer, à exploser, à décrocher des contrats… Avec eux, pas de contrat d’exclusivité, d’ailleurs : le but est avant tout de les soutenir et de les aider à se développer.
« Ah ouais, donc non seulement ils envahissent les rues, mais en plus ils encouragent et incitent à le faire… bravo ! »
Et oui, bravo : on découvre des artistes passionnés et passionnants, tous spécialisés dans l’art urbain, le street art ou le néo muralisme. Pochoirs, mosaïques, fresques… la palette est large et ne cesse d’évoluer.
« Nous avons un réseau d’artistes talentueux avec lesquelles nous collaborons sur des projets publics comme privés. L’idée est de mettre en avant la richesse de leur technique et de leur univers qui est en perpétuelle évolution ! Nous aimons aussi rencontrer de nouveaux talents afin de créer, par la suite, de belles synergies parmi tous les artistes. » précise Maïlys, chargée de comm’.

Street art et urbanisme main dans la main
Des lieux en transition qui s’animent
La première édition de l’Urban Art Jungle Festival a eu lieu dans une menuiserie. La seconde, dans le lieu en transition qu’est devenu La Commune. La troisième et quatrième dans un théâtre en réhabilitation, devenu Le Croiseur. La dernière dans une ancienne friche industrielle, à La Soie, devenu le CCO La Rayonne.
Vous l’avez compris : entre les lieux en transition et les artistes, le lien est fort. C’est aussi là-dessus que repose la « patte » Superposition : « L’art urbain et l’urbanisme sont très liés. Les artistes ont pour habitude de se réapproprier l’environnement, et les bâtiments en transition font partie de ce cette logique ! »
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on peut ainsi découvrir de nombreux bâtiments jusqu’alors inconnus, jamais mis en valeur et, en prime, voir qu’il est possible de se réapproprier un lieu par la culture. Le but était de faire en sorte que les Lyonnais sortent de leur presqu’île ? Mission réussie.
Une culture urbaine qui s’exprime
Malgré un train de retard par rapport à d’autres grandes villes (pour une fois, ce n’est pas à cause de la SNCF), le street art ne cesse de s’exposer à Lyon. Et il prend de plus en plus de place dans nos espaces publics, pour le plus grand bonheur de nombreux lyonnais. Et d’autant de touristes.
Les projets de Superposition enchantent la ville et le quotidien des habitants en se réappropriant à merveille certains espaces publics. La plus belle preuve ? Les escaliers Mermet, qui ne cessent de stopper des yeux ébahis. Un projet pensé en 2017 et qui a pris 3 ans à se réaliser – le temps d’obtenir les autorisations de la mairie, de s’organiser… Mais aujourd’hui, qui est capable d’y passer sans s’y arrêter quelques instants ? Et sans faire un petit post Insta ?

En partenariat avec la Taverne Gutenberg et Maison g., c’est aussi Superposition qui est à l’origine de la plus grande fresque au sol éphémère réalisée rue Victor Hugo. Une belle manière de mettre de la couleur dans la ville tout en respectant l’urbanisme. Et derrière, un travail de titan : les artistes ont œuvré de nuit, lors de créneaux bien précis, laissant les touristes et autres amateurs de shopping déambuler en journée (heureusement, y’avait une promo chez Zara).
Comme d’autres associations lyonnaises (Le mur 69, Zoo Art Show, Peinture Fraîche…), Superposition fait partie de ces acteurs qui démocratisent l’art urbain et le rendent accessible à tous. Les tags laissent place à de véritables pièces qui se marient à merveille avec l’environnement. Les politiques voient que cela fédère, les gens se bougent, les événements se remplissent… et l’art urbain prend la place qu’il mérite.
Et ce sera encore le cas au Fort, jusqu’à la fin du mois d’octobre prochain. Que ce soit temporaire ou permanent, on se plaît à passer devant ces murs, ces escaliers ou ces tableaux peinturlurés avec brio. Franchement, avec des assos comme ça, y’a pas à dire : les Lyonnais sont quand même super posés.
