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Bimo – Du cachet pour sublimer les émotions cachées

Et si, pour trouver les choses belles, il suffisait de bien les regarder ? D’être attentif à ce qui nous entoure, aux détails, pour y trouver de la sensibilité ? Lionel Lacotte, aka Bimo, est vidéaste. Et photographe. Et danseur. Et artiste. Mais… mieux vaut ne pas l’enfermer dans une case : il risquerait d’en sortir ! Avec des vidéos qui ont du grain et du cachet, il rend visible et sublime tout ce que vos yeux veulent vous cacher…

L’art de faire des choses 🪄

Lionel fait ses premiers pas dans l’art avec la danse. Il l’apprend sur le terrain, à l’époque de la fac, alors qu’il était encore à la Réunion. Assez vite, il s’invite dans les événements hip-hop et les battles. Un jour, il prend l’iPhone d’un pote pour tester des choses, essayer de filmer, faire des ralentis… et c’est le déclic.

Après un an de fac d’histoire, il file pour 4 ans aux Beaux Arts. C’est là qu’il se déconstruit, et qu’il apprend à être beaucoup plus créatif. Là-bas, il apprend à regarder différemment, à voir la beauté dans les choses qu’on ne regarde pas habituellement.

« C’est là que j’ai un peu déconstruit tout ce que je savais. Tu as un sujet, et on t’apprend à voir comment tu vas le décrire, l’amener, etc. Et grâce à ça, j’ai déconstruit. Dans l’image, il n’y a pas que le parfait. On regarde exactement ce qui se passe dans l’image : l’arrière-plan, le sujet… il faut essayer de trouver des liens, de la profondeur dans ce que tu vois. […] Avant, je n’étais pas du tout observateur. Au contraire, il me fallait du temps. Maintenant, je regarde tout. Il faut rester à l’écoute ! »

À 23 ans, il débarque en France Métropolitaine pour faire des études de cinéma. C’est là qu’il pourra apprendre la technique, savoir comment fonctionne les rouages, le montage, les castings, les autorisations… 

Et c’est tout ça qui l’a mené là où il est aujourd’hui : indépendant, naviguant entre la danse, les vidéos, les photos, et même un peu de mix. Installé à Paris avec dans ses valises une dizaine d’années d’expérience, il multiplie les vidéos de danse, notamment de jeunes danseurs parisiens qui méritent de voir leur art sublimé par un œil aiguisé.

« Je n’aime pas trop me proclamer artiste. Je préfère me dire que je fais des choses. De la vidéo, de la photo, de la danse… Si on me met dans un truc précis, je suis du genre à en sortir tout de suite. »

Déconstruire la beauté pour mieux construire et sublimer 💫

Ce qui intéresse Bimo, ce n’est pas de faire du beau comme on en voit tous les jours. Son truc, c’est plutôt de s’intéresser à des choses simples et de trouver la meilleure manière de les sublimer. Même les erreurs peuvent se transformer en qualités !

« Tout le monde peut faire des trucs beaux. Tout le monde aime ça. En vrai, ce n’est pas intéressant. Regarde le truc moche, et vois ce que tu peux en retirer. Avec une autre pensée, pour faire en sorte que ton truc soit un peu unique, qu’il sorte un peu du lot. En fait, il faut juste ne pas fermer les yeux à tout. Ne pas oublier qu’il y a autre chose qui t’entoure ! »

Sensible à tout ce qui nous entoure, il est du genre à ouvrir les yeux quand les nôtres sont fermés. Dès qu’il croise une architecture particulière, un objet anecdotique, un détail que personne ne regarde, il pense “vidéo”, mise en scène, et pourrait bien y revenir pour une prochaine création.

Pour toucher la sensibilité, pas besoin d’artifices, de matériel de dingue, d’accessoires en tout genre. D’ailleurs, dans son sac, pas de matos’ de fou. Bimo est plutôt du genre à utiliser les caméras qui servaient à la base aux vidéos de vacances familiales et dont plus personne ne se sert : « Je vais un peu là où personne ne va ». 

Du matériel simple, mais dont il tire profit : en jouant sur les couleurs, sur l’étalonnage, sur le grain… et c’est ce qu’il aime : se baser sur des choses simples, et les faire parler pour trouver quelque chose d’assez sensible et unique.

« Chacun est perfectionniste dans ce qu’il voit. Moi, je suis perfectionniste dans le mood, dans l’ambiance, dans la sensibilité, dans la simplicité, dans la spontanéité. Je veux faire quelque chose de vrai, de réel. » Sur chaque tournage, il s’applique à observer le lieu, le mouvement, l’expression, les yeux, la lumière… et il y aura toujours un détail, un angle qui fera la différence.

« J’aime créer avec des choses qui sont là, qui sont belles de bases mais que tu ne vois pas forcément. Sublimer quelque chose de simple. […] Dans l’art, ce qui est important, c’est qu’on peut rendre les choses invisibles visibles. […] On peut aller chercher la sensibilité dans quelque chose qui n’est pas forcément beau. J’aime bien rendre le moche beau, et rendre le beau moche. »

Écouter son cœur et sa tête pour trouver la meilleure recette 👨‍🍳

Pour trouver le réel qu’on ne voit pas et le sublimer, sa manière de travailler est à l’image de ce qu’il est : spontané, simple, créatif. Avec une bonne dose d’énergie.

« Je suis un peu mon cœur. J’essaie d’accepter comme je suis : quelqu’un de très spontané, de réel, de souriant, de jovial. J’essaie de me faire confiance, et de faire en sorte que les gens aient confiance. J’aime bien ce côté spontané. C’est comme quand tu regardes dans ton frigo. Avec l’expérience que tu as, tu regardes et tu vas essayer de faire quelque chose de super. »

Avec sa recette, chaque contrainte peut devenir une opportunité. C’est d’ailleurs ce que Bimo préfère : être un peu en difficulté, et relever le challenge de faire une vidéo originale, plutôt que d’avoir trop de cartes en main. Il suit son instinct : s’il n’est pas convaincu par un lieu, un plan, la météo, il n’y a qu’à en parler et trouver une meilleure solution ! Et quand la vidéo sortira… personne ne saura que la contrainte était là. Comme en danse, s’appuyer sur des bonnes bases permet de faire du freestyle sans que les spectateurs ne s’en aperçoivent !

« C’est la différence quand tu es artiste : est-ce que tu te laisses bouffer par ce que tu as, est-ce que tu te victimises, ou est-ce que tu prends tout à ton avantage et tu te dis que tu vas en faire un truc de ouf ? […] Avec les ingrédients que l’univers te donne, tu peux créer des trucs de fou malade. C’est ça que je kiffe dans l’art. C’est là que je me sens le plus moi-même, le plus humain. »

Bien sûr, pour les formats longs, il y a un script, de l’écriture, de la préparation. Pour les formats plus courts, il y a plus de liberté. Mais dans tous les cas, il y a de l’échange et de l’humain. 

« Ce dont je ne me lasse pas, c’est les choses qui me font vibrer. Quand c’est sincère. Que ce soit dans l’art, dans les relations humaines… […] L’art, c’est de l’échange. Tu me transmets quelque chose, boom, je te le retransmets. Je crois beaucoup en l’énergie. On essaie de se sublimer ensemble. C’est quelque chose de fort, l’échange. »

Avec les moyens du bord, la musique comme principal moteur, un regard et une imagination débordante, il nous embarque facilement dans son univers. Un univers rétro, sensible, qui donne à voir l’invisible. On n’est pas forcément éduqués à regarder la beauté dans tout ce qui nous entoure, quand elle sort des cases. Mais l’art a ce pouvoir : nous rendre sensible à ce qui ne nous touche pas de base !