
On a tendance à voir la partie émergée de l’iceberg : les artistes qui montent souvent sur scène, prennent le micro et la lumière. Mais il y en a aussi qui passent des heures en studio, devant le clavier ou l’ordi, et qui créent des tas de mélodies. Depuis plus de 20 ans, Exodus se promène dans la musique. Compositeur, beatmaker, arrangeur, auteur, il a multiplié les projets et les collaborations en s’intéressant à des univers variés. Du rap, de l’électro, du mix, des arrangements pour des compagnies de danse… avec lui, le son a toujours du sens !
La création n’était pas une option 
Coordinateur de maintenance le jour, musicien dès qu’il en a le temps : c’est la double vie qu’a choisi Exodus. Enfin, choisi… pas vraiment : c’est presque la musique qui l’a choisi tant ça s’est fait naturellement.
Avec la découverte du rap et de l’écriture vers les 8-10 ans, puis des logiciels de beatmaking comme Fruity Loops vers 11-12 ans, on peut dire qu’il n’a pas perdu de temps. À l’époque déjà, il déterre des tonnes de samples, en s’intéressant à de nombreux styles : du rock psychédélique, du rock fusion, du rock anglais, gallois, des musiques des années 70… Il écoute, coupe, monte, encore et encore.
« J’ai vraiment navigué sur tous les styles. Depuis mes 11-12 ans, j’ai fait du son, j’ai fait du son, j’ai fait du son… En commençant par le sample, et en me mettant peu à peu à la composition, avec des gammes simples, à l’oreille, en apprenant moi-même. L’écriture, la musique, les arrangements, j’ai appris en solo. »
Depuis, il ne s’est pas arrêté. C’est en arrivant à Lyon pour les études qu’il commence à partager et à proposer ses beats. Ce qui le mène à des rencontres – notamment à celle de Grems et aux équipes de Jarring Effects, parmi tant d’autres – et à des projets de plus en plus sérieux. Il se met alors à enchaîner les créations et les collaborations, avec des gens sur Biarritz, Paris, Lyon, Marseille…
Bref, il navigue dans son parcours musical en bossant dans son studio avec ses enceintes, son clavier, son synthé, son ordi et ses logiciels. Sans oublier la famille qui le porte. Et dès qu’il le peut, dès qu’il a quelques minutes devant lui, il « fournit du propos. C’est le seul but. Dès que tu as un truc à dire, il faut le balancer. »
Au fil du temps, son activité s’est diversifiée. En plus du beatmaking, Exodus a commencé à mixer, à produire des sons pour des chorégraphes et à faire du sound design. Tout ce qui touche au son, c’est son truc.
« Avec mon métier dans le privé et la musique, j’ai un pied entre les deux, entre la réalité et ce semi rêve que je vis. Je peux toucher le réel, l’imaginaire, et mettre la chimie dans les deux. »
S’écouter pour proposer des belles choses à écouter 
Exodus fait partie de ces créateurs qui ont une approche assez instinctive, qui se laissent guider par leurs envies et leurs idées. Inspiré par des artistes comme Madlib ou J Dilla, il veut rester fidèle à ses intuitions : « La perception qu’ils ont du son, elle est très naturelle ! Sans forcer, ils développent une gamme musicale très singulière par rapport à d’autres. »
Son processus de création, c’est de conserver cette liberté. De se poser pour faire du son dès qu’il le peut, dès qu’il en a envie, sans tout calculer en avance. Juste créer, essayer, tester, et en garder le meilleur.
« Dès que j’ai du temps, je fais du son. C’est un peu une pulsion. Parfois, j’ai une demi-heure devant moi, j’ouvre l’ordi et je fais un son. N’importe où, je peux enregistrer une gamme en vocal, puis en faire un son avec le piano le soir. Parfois, je shazame une musique et je la sample le soir. »
Difficile de définir son univers musical : Exodus est un “touche à tout”. Il a évolué au fil des années… et continuera à évoluer. C’est aussi ce qu’il aime : écouter des choses variées, s’intéresser, chercher, et y ajouter sa patte pour en faire des nouveautés. « Je peux écouter un son de funk, un son house, un son soul, un son r&b, puis de la chanson française… Ça va loin ! J’aime écouter plein de choses, et essayer de comprendre l’artiste et sa manière de fonctionner. »
Sa curiosité et sa productivité lui ont permis de proposer des tas de sons, et de participer à de nombreux projets. Citer tous ses projets marquants serait impossible ! Mais parmi eux, on pourrait parler du son Touaregs, présent sur l’album Aucun potentiel commercial de Lucio Bukowski, édité et arrangé au studio Polycarpe.
Plus récemment, l’album Stylebender avec MVL (projet qu’il a mixé, arrangé et masterisé) est le fruit d’une belle collaboration franco-malaisienne. Oui, rien que ça !
« Je fais mon truc, je me balade. En fait, je vois les choses comme des portes. Je ne sais pas ce qu’il y a derrière, mais dès que j’ouvre une porte, il y a des choses intéressantes à faire. Tant que je peux ouvrir des portes et faire un truc, je suis preneur. »
Une faim de créer sans fin 
Exodus, c’est un peu une machine à lui tout seul : il crée des sons par centaines, et en sort des dizaines. Même depuis qu’il est papa, rien n’a changé : « Tant que tu arrives à l’expliquer et à t’organiser, il n’y a pas de souci. Tu as des hauts et des bas parce que c’est la vie, c’est normal, mais ça fait 11 ans et ça se passe très bien ! En plus, si je peux laisser à mon fils quelque chose de culturel… »
Aujourd’hui, il a plus de 1000 sons dans son ordi, et environ 1200 dans un autre disque dur. Détaché et spontané, il est du genre à produire des sons en 30 minutes, à les enchaîner et à en faire un maximum pour, ensuite, n’en garder que le meilleur.
Parce qu’il a appris comme ça, avec des gens qui ne se prennent pas la tête, qui produisent dès qu’ils se sentent inspirés, et parce qu’en 20 ans, il a pu développer certaines habitudes pour aller à l’essentiel.
« J’ai été formé comme ça. Avec des gars qui font des sons en 5 minutes, sans se prendre la tête. Ils trouvent une ritournelle, écrivent, et en font un album. […] Je peux par exemple créer un catalogue de 10 sons sur 3 semaines, et en retenir un seul : le meilleur, le plus instinctif, le plus écoutable. C’est comme ça que j’arrive à pondre un exemplaire sonore qui peut être entendu et reconnu. »
En plus de cette hyper productivité, et de mixer de temps en temps, Exodus collabore de plus en plus avec des chorégraphes et des compagnies de danse, parmi lesquels la compagnie Kadia Faraux. Un job important auquel on ne pense pas forcément quand on va voir un spectacle ! « Le chorégraphe a un tableau scénique défini, avec des sons témoins. Il peut ensuite faire des tests avec mes sons et les intégrer. Ensuite, je retravaille le son et le réarrange en fonction de la scénographie finale, de la chorégraphie. »
En 2025, deux projets devraient voir le jour : un album de rap drumless en solo, et un album en collaboration avec un artiste bien connu de Perpignan. Deux nouveaux projets qui sont en train de se construire et qui seront le fruit de sa riche production : « En fait, je ponds des trucs. Et ensuite je trouve une suite logique, une thématique, une couleur, et j’essaie d’en faire un recueil homogène pour que ce soit entendu par plein de gens. »
« Tant que les gens kiffent et que c’est singulier, ça me plait. Peu importe ce qu’il y a dedans, mis à part le racisme, la discrimination… Mon propos, c’est juste de faire écouter, kiffer, être dans le mouv’. »
Vous l’aurez compris… Exodus n’a pas fini d’explorer ! Pour des featurings, pour des projets solo, pour des spectacles : tant qu’il aura la possibilité de créer et de faire du son, il le fera avec passion. Et s’il faut découvrir de nouvelles sonorités et de nouveaux univers, ce ne sera pas un problème. Solide sur ses appuis avec la famille en pilier essentiel, il continuera à se promener dans le secteur musical en ajoutant son grain de sel !