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Florina Aledo Perez – Des fresques et d’étoiles

Il y a de quoi être fasciné par les étoiles et leur influence sur notre planète. Il y a matière, aussi, à vouloir peindre la liberté, les femmes et la nature pour transmettre des trouvailles et des émotions. C’est ce que fait Florina Aledo Perez, artiste peintre et fresquiste. Il y a quelques semaines, elle clôturait sa dernière expo en date : Cosmochromie. Une nouvelle création thématique, avec des couleurs uniques, basée sur des recherches passionnées. Et une nouvelle occasion de sublimer les femmes autant que les fleurs… 

Il y en a qui tombent dans la marmite… d’autres dans la peinture 🎨

Si Florina se présente comme artiste peintre et fresquiste depuis 2018, c’est bien plus tôt qu’elle est tombée dans le pot de peinture. À 16 ans, elle organisait déjà ses premières expos, avant de laisser ça de côté pour les études… et finalement, de revenir quelques années plus tard à ses premiers amours. 

Quand on lui demande quel a été le déclic, s’il y en a eu un, elle répond en souriant par une question : « tu veux que je te parle duquel, du premier ou du deuxième ? » Le premier, ça a été le stage de 3e, dans une boutique de matériel artistique. Ce fameux stage de quelques jours, qui lui aura suffit à participer à un stage de dessin. D’abord en tant qu’observatrice, jusqu’à ce qu’on ne l’invite à prendre le pinceau. « Tout de suite, je me suis dit… mais c’est génial ! J’ai testé l’aquarelle, l’acrylique, le dessin… Et c’est là que je me suis lancé dans des études d’illustration. »

Quelques années plus tard, la peinture était tombée à l’eau et restait un hobby accompagnant son travail dans la comm’. Jusqu’au deuxième déclic : un vernissage proposé à une amie pour faire connaître sa société de formation. Un événement qui a si bien marché qu’il n’était plus question pour elle de laisser la peinture de côté : « Je me suis éclatée de A à Z ! Il fallait que je me lance. » 

L’occasion de renouer avec la peinture, mais aussi de trouver sa ligne directrice. Une ligne riche de sens qui sublime les femmes – c’est le moins que l’on puisse dire ! Pour son premier vernissage, Florina avait décidé de dessiner Frida Kahlo, pour montrer toute la force et la puissance de la femme en quelques traits. 

« C’est un symbole fort, qui m’aide à exprimer la diversité des femmes, leur force et leur faiblesse. Si elles sont souvent brunes, c’est simplement graphique, pour avoir un contraste avec le fond. Si les visages sont neutres, c’est aussi pour éviter toute différenciation. » 

Depuis, les portraits de femmes, tous plus beaux les uns que les autres, se sont multipliés. Si Frida n’est plus vraiment là, les femmes et les fleurs sont restées. Et autant de force, de faiblesse, de tristesse, de joie… En bref ? Des émotions, transmises par des traits fins et soignés, qui invitent à se questionner.

Cosmochromie : il ne suffit pas d’un signe ✨

Au fil des années, Florina a continué à explorer. C’est son truc. Pour chacun de ses travaux, elle trouve une thématique, mène une enquête et réunit des informations qu’elle vient partager par le biais de son art. Sa passion l’a menée à l’exposition Beyond the Cards – dans laquelle elle revisitait les cartes de tarot en mettant en valeur le potentiel des femmes –, aux Nymphes oubliées – dans laquelle elle mettait en lumière l’influence de la mythologie sur notre culture –, à Diaspora – dans laquelle elle explorait les vêtements culturels… et j’en passe.

Sa dernière exposition en date, qui s’est tenue chez Pause Création en novembre 2024, c’est Cosmochromie. Sa fascination pour les étoiles et leur influence sur la planète l’a fait s’intéresser aux signes du zodiaque et à leurs significations respectives. Des signes qu’elle a une nouvelle fois représentés avec brio, certes, mais aussi avec des femmes belles et fortes.

« J’aime bien travailler sur des thématiques pour faire réfléchir sur soi-même, se connaître mieux. Soit faire découvrir une chose sur laquelle je suis tombée, soit faire un travail sur soi et découvrir un peu de sa personnalité. Et les signes du zodiaque, pour moi, c’est ça. C’est philosophique, pas ésotérique. […] Humblement, j’ai fait des recherches, et je les partage. L’idée, c’est que tu te poses des questions que tu ne te serais pas forcément posées. Est-ce que ça te fait écho, ou pas ? Dans tous les cas, c’est intéressant. »

12 signes, 12 tableaux, 12 femmes mais aussi 12 fleurs. Des fleurs qui ne sont pas forcément choisies pour leur symbolisme, mais plutôt pour leur forme, leur culture, leur environnement… Au-delà des toiles exposées, son travail se trouve aussi réuni dans un livre, comme à son habitude, qui détaille les traits de caractères associés à chaque signe. Sans oublier un calendrier unique, avec autant de prints que de signes !

Ce qui a changé, avec cette nouvelle exposition ? Le thème, vous l’aurez compris. Mais aussi l’apparition de couleurs de peau et d’ombres, qui viennent donner encore plus de profondeur aux portraits, qui ont plus d’une chose à raconter. 

Restent aussi les fleurs, et le travail perfectionniste des couleurs, subtiles, qui n’existent nulle part ailleurs. « Je n’utilise quasiment jamais la couleur qui sort du pot. Il faut toujours que je fasse des mélanges. Et c’est même souvent des mélanges de mélanges, parce que je les garde tous. »

Une vie d’artiste fresque linéaire 🖌

Après plusieurs années à explorer, réaliser des tableaux et des fresques, Florina semble avoir trouvé un équilibre. Mais cet équilibre, c’est avant tout beaucoup de souplesse. Alors que les toiles étaient son premier terrain de jeu, sa résidence à Superposition a changé la donne. Les projets de fresques se sont multipliés (pour la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), le projet Vénus à Vénissieux pour Spacejunk, la Maison de la parentalité…), tant et si bien qu’elle ne se concentre “plus que” sur une exposition par an.

Les fresques participatives, de plus en plus demandées, lui ont aussi permis de découvrir de nouveaux horizons. « J’ai dû avoir 700 enfants sous ma coupe, en tout, de la maternelle au lycée ! » Parmi eux, des ateliers avec les chantiers VVV (dispositif permettant à des jeunes d’être rémunérés pour donner un coup de main à la ville), particulièrement intéressants. 

« Ils se transforment vraiment en apprentis. C’est vachement chouette, ils ne sont pas nombreux, et on voit leur évolution chaque jour. C’est des moments géniaux. […] Les gens sont à chaque fois différents. Tu dois les découvrir, comprendre un peu comment ils fonctionnent, lesquels sont plus à l’aise avec ci ou ça, lesquels vont mettre trop de peinture, pas assez, qui s’en fout, qui adore… »

Elle qui n’a jamais aimé imposer son travail aux autres s’est aussi essayée aux collages, à la sortie du confinement : « Je me suis dit « si les gens ne viennent pas à moi, je vais aller à eux”. Mais il y a toujours cette crainte et cette peur d’embêter les gens. Pour moi, ça reste contre nature. Mais j’ai été agréablement surprise ! »

Florina a aussi pu faire ses premières conférences… et s’est même transformée en présidente d’association, quand le Fort Saint-Laurent a fermé, pour que les artistes puissent trouver un nouvel espace. « Non seulement on avait rien d’autre, mais on voulait continuer à être ensemble. C’est là que Les Convives ont été créés, dans le but de mutualiser l’espace, le matériel, les expériences, les états d’âme… » Jusqu’à laisser ça de côté pour se concentrer sur son travail. Aujourd’hui, elle travaille avec Thibault (ex-Blast), entourée de Toki Art et de Bounka, dans de superbes locaux qu’on ne soupçonnerait pas une seule seconde, au cœur du 9e arrondissement de Lyon. 

Vous l’aurez compris : elle a beaucoup testé, expérimenté, avancé. Elle n’hésite pas à essayer et à trouver des solutions pour continuer à vivre de son art. Car oui, les années de créativité et de création n’empêchent pas les remises en question !

« Les remises en question, ça arrive tout le temps. Mais je suis habituée. Quand tu n’as aucun projet, c’est une horreur. Mais ça arrive à n’importe quel entrepreneur ! Et à chaque fois, je finis toujours par me dire ‘non, je n’abandonnerai jamais’. Il faut toujours se dire ça. Je suis à ma place, j’aime toujours ce que je fais. Et tant que tu aimes ce que tu fais, et que tu continues, tu y arriveras. Il faut avoir du courage et de la persévérance. Il n’y a que comme ça que les artistes et les entrepreneurs peuvent marcher. »

Alors malgré les hauts et les bas, Florina n’est pas prête de lâcher les pinceaux et les pots de peinture. C’est ce qu’elle aime, et ce qui lui permet d’avoir la liberté qu’elle chérit tant. Elle continuera de tester, de dessiner, de “fresquer”. Et nul doute qu’elle trouvera bientôt un nouveau sujet sur lequel se concentrer pour fouiller et créer de nouvelles œuvres à partager. Des œuvres avec des femmes et des fleurs, et encore et toujours de nouvelles couleurs… qui feront votre bonheur.