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Novopol – Transformer son plomb en sonore

Et si la musique pouvait aider à faire du bien ? À guérir, d’une certaine manière ? Ou à minima à être bien avec soi-même ? C’est un peu la quête que poursuit Paul, aka Novopol. Artiste producteur, mais surtout alchimiste électronique, il explore une musique électro qui mêle techno et house. Une musique qui résulte de nombreuses réflexions, qui transpire la passion et qui fait danser de plus en plus de monde. De Lyon à Paris, de Paris vers Berlin… Ce n’est que le début du chemin !

La musique, tu l’aimes ou tu la quêtes 💎

Avant d’être musicien, producteur, artiste, Paul est d’abord un gars spirituel. Son projet est né d’une passion pour l’alchimie et la symbolique des choses. Depuis toujours, il aime chercher et comprendre. Tout, ou presque. Alors il s’est vite retrouvé fasciné par le courant de l’alchimie. Pas la quête physique, mais la quête intérieure, spirituelle, de progression et d’évolution.

Une quête qui l’a beaucoup aidé à se développer, à se comprendre et à se trouver. « On pourrait parler de développement personnel, mais avec une forme de spiritualité, qui n’est pas religieuse. Plutôt une connexion à la nature, une reconnexion à son environnement. » Des années de réflexion lui ont permis d’avancer dans la musique. Une musique qui part aussi de là : d’un besoin de se trouver, de transformer et de partager des bonnes ondes.

« À la base, ma musique était très spirituelle. Je voulais faire de la musique pour guérir les gens. Je crois vraiment que, dans les sons, il peut y avoir une vibration qui peut faire du bien. Je cherchais à faire de la musique qui fait du bien, tout simplement. […] Mon domaine d’alchimie, c’est la musique électronique. C’est donc transmettre des choses via mon son, et essayer de m’inspirer de tout ce qui m’entoure, au quotidien, pour les mettre dans la musique. »

Comme un alchimiste chercherait à transformer le plomb en or, Novopol cherche à utiliser l’énergie de la ville pour la transformer en énergie plus naturelle, plus joyeuse, plus organique. Au début, quand il était dans une phase d’introspection, il visait une énergie très apaisée, et apaisante, presque méditative. Mais ça, c’était avant.

Aujourd’hui, il cherche à partager quelque chose de plus extérieur, de plus fort. Pour proposer des sonorités organiques, naturelles, il capte des sons dans la nature – notamment grâce à un géophone qui permet de capter les vibrations basses des surfaces – et les transpose dans ses sons. Rien de tel pour les rendre vivants !

« Avant, si l’énergie était de faire en sorte que les gens soient bien avec eux mêmes, maintenant, l’énergie est de donner aux gens l’énergie de soulever des montagnes. […] En fait, j’ai envie de faire de la musique qui fait danser les gens, tout simplement. J’ai juste envie de transmettre des bonnes vibes dans la musique. »

Du beatmaking aux scènes techno : la puissance des rencontres 🤝

Les sons sortis par Novopol, ce n’est que la face émergée de l’iceberg. Le résultat de 7 ans de recherches intérieures et de questionnements pour parvenir à trouver un équilibre, mais aussi de rencontres inspirantes.

À la base, Paul a commencé par produire des beats de rap. C’est sa rencontre avec des ingénieurs du son, et notamment Théo, qui lui permet de mixer et de finir proprement son premier morceau. Au passage, il rencontre El Bobby : un rappeur, mais aussi un coup de foudre amical et professionnel. Peu de temps après, ils se mettent à faire du son.

« On se retrouve sous une table de ping pong, recroquevillés, à chercher à capter le bruit des gouttes de pluie qui tombent. » Un enregistrement qui donnera lieu au titre Goutte de pluie, récemment sorti par le rappeur. Ensemble, ils bossent sur Un monde étrange et tous les Propagande. Par la même occasion, il rencontre tout le plan Ä et des artistes comme Cyrious… 

Bref : la machine à créer du son avec les bonnes personnes est lancée. Mais l’envie d’avancer en solo ne le quitte pas pour autant. Reste en lui l’envie de trouver sa direction. Il sort son premier EP, Invocation, avant d’enchaîner sur un second, Passage, toujours en lien étroit avec les phases qu’il traverse dans la vie.

Grâce à ce second EP, il rencontre Florian et rejoint l’aventure Flemme Records, qu’il finit par co-gérer. Un label associatif composé de personnes qui peuvent le guider et l’aider à ne pas reproduire certaines erreurs. « C’est dur, quand tu es seul dans ton projet, de savoir où tu veux aller. Tu vois, tu te perds. Donc c’est très très précieux pour moi cette relation-là. »

Il fait ses premières dates. D’abord des dates gratuites, pour l’honneur, se faire connaître et apprendre. Puis il les enchaîne. Résultat ? Au moins 60 dates au compteur sur les deux dernières années. Jusqu’à ce qu’il décide de revoir le rythme à la baisse pour se concentrer sur celles qui en valent le plus la chandelle.

« Parce que ça m’a usé. À un moment donné, j’ai perdu la passion. Je faisais trois dates par week-end, les trois sans être payé, et à la fin du week-end, j’étais mort, je n’avais plus d’énergie. Et le lendemain, il fallait que j’aille à mon job alimentaire parce que, sinon, je ne pouvais pas payer mon loyer ! »

Le travail, c’est la synthé 🚀

L’une des forces de Novopol, c’est qu’il est bosseur. Après avoir couru dans tous les sens, il a rencontré assez de personnes pour ne faire que quelques dates (les bonnes) et avancer sur ses projets en parallèle. Mais ça, c’est grâce à tous les sacrifices faits avant. 

Chaque année, il se fixe de nouveaux objectifs, qu’il atteint généralement en moins de 6 mois. Forcément, quand on charbonne 60 heures par semaine, ça aide ! Jouer à Paris, au Petit Salon, et au Sucre, c’est fait. Signer avec une bookeuse parisienne et avoir une date au Glazart, c’est fait aussi. Reste à toucher de nouveaux clubs parisiens, à sortir sa musique sur des grands labels… mais pas question d’aller plus vite que la musique.

« Je fais plein de trucs. J’ai 14 cordes à mon arc, et je me dis qu’en tirant 14 flèches par jour, avec 14 arcs différents, c’est sûr qu’il y en a une qui touchera une cible. […] Ce que je vais faire de cette aventure, ça ne dépend que de ce que j’ai envie d’en faire ! »

Forcément, il lui arrive de se remettre en question. Mais grâce à ses 7 années à se découvrir et à évoluer, ce n’est plus vraiment un problème : « Ce sont des phases que j’ai appris à gérer. Juste, je fais de la musique, en fait. J’ai appris à connaître mon corps, les signaux qu’il m’envoie. Parfois j’ai des phases de up, parfois de down, mais voilà. Il ne faut pas tout remettre en question juste parce qu’on est en down ! Il faut trouver un équilibre. C’est comme tout. » Cet équilibre, Novopol commence à le trouver. Même s’il continue à courir pour ne pas passer à côté de sa vie. 

« On est jeunes, on a la vie devant nous. Mais pour autant, j’ai l’impression constamment d’être en retard. Et ça me pousse aussi à être toujours dans ce dépassement, à atteindre mes objectifs. Je n’ai pas peur de grand chose, mais j’ai peur d’arriver à un moment de ma vie et d’avoir des regrets. De me dire que “à ce moment-là, je ne me suis pas donné les moyens.” »

Alors il se donne les moyens. Parce qu’il sait que s’il veut que ça marche, c’est maintenant. Il poursuit ses recherches, travaille sa signature, son identité, avec la volonté de monter un projet musical solide pour pouvoir en vivre. 

« Ça reste un travail, et je vois ça comme une entreprise. Qui dit entreprise ne veut pas dire que tu vends ton âme au diable. Si tu veux vivre de la musique, je suis désolé mais t’es obligé de voir ça comme une entreprise à un moment donné. Ça sert à rien de tirer sur un arbre pour le faire grandir plus vite. Par contre, si tu l’arroses bien et que tu en prends soin, il grandira. Et bien, c’est pareil pour la musique. »

Pour ça, Novopol reste sérieux, bien entouré, et tâche de se préserver, malgré un rythme de vie qui peut être renversant. « J’ai déjà fait beaucoup de tout ce que j’aurais rêvé de faire. Pour moi, la clé de tout ça, c’est d’avoir un entourage sain. Je ne prends aucune drogue. Quand je joue, je ne bois quasiment pas d’alcool. Parce que je vois ça comme une entreprise, comme un travail. Il faut travailler. Et pour travailler, il faut un rythme de vie sain. »

La suite ? Continuer à s’implanter sur la scène parisienne, à jouer dans des beaux lieux, puis aller conquérir d’autres villes. Jusqu’à Berlin, si possible. Mixer, mais aussi produire et voir sa musique gagner en reconnaissance. Beaucoup de projets sont déjà prêts, tandis que d’autres sont dans la marmite. Free Movement est déjà sorti, et un EP 2 titres ne devrait pas tarder. N’hésitez pas à vous y attarder. Et n’oubliez pas : on n’a pas le temps pour les regrets ! 

« Que ce soit musical, artistique, humain, il faut essayer d’être en paix avec soi-même sur tous les plans de soi-même. C’est vraiment en lien avec ma musique au final. Parce que je fais des trucs assez sombres, mais c’est le fruit d’un travail intérieur. Et ça ne me dérange pas, parce que si on était dans un monde tout beau, tout blanc, tout bienveillant, il serait hyper lisse. C’est l’équilibre des deux qui crée un monde agréable à vivre, et une musique agréable à écouter. »